L’ARCHITECTURE SOUS LES RÈGNES DE LOUIS XV ET DE LOUIS XVI :

LE CLASSICISME, SECONDE PÉRIODE.

Le long règne de Louis XIV a sans aucun doute marqué l’Histoire de France. Mais aussi celle de l’Europe, à telle enseigne que Frédéric-Guillaume 1er de Prusse ne donne aucune précision lorsqu’il annonce à son entourage : « Messieurs, le Roi est mort. »

L’étirement de ce règne, singulier pour l’époque, avait progressivement éloigné la Cour du roi vieillissant. Le seul héritier n’a que cinq ans à la mort de son bisaïeul. Le Régent Philippe d’Orléans emmène la Cour à Paris, d’où il gère les affaires du royaume depuis ses appartements du Palais-Royal, suscitant quelques réputations libertines probablement justifiées[1].

Pour le futur roi, la succession s’avère délicate, mais les conditions diplomatiques imposent finalement au Régent, par la filiation légitime du Dauphin, de protéger l’héritier du Trône afin de faire face aux rivalités européennes mouvantes de l’époque. Mais la Régence doit d’abord régler l’importante crise financière de la fin du règne de Louis XIV que John Law propose de résoudre avec l’introduction des billets de banques et du système boursier, lesquels s’avèrent plus vains encore… l’opposition parlementaire entraine la retraite de la Cour à Versailles, l’isolant davantage des réalités du peuple.

Le XVIII° siècle va chambouler toutes les idées reçues, entre l’Amérique et les Indes, la redécouverte des racines culturelles latines (Herculanum et Pompéi), d’une Europe en proie aux conflits familiaux dynastiques, alors que le peuple revendique ses droits, que la bourgeoisie, s’enrichissant, occupe les vides laissés par la noblesse décadente, que la science, progressivement, trouve sa place aux côtés des intellectuels, des encyclopédistes et des philosophes qui vont illuminer de leur esprit ce « Siècle des Lumières » fulminant de créations et d’inspirations multiples.

Avec les opportunités que proposent les nouvelles colonies aux famines récurrentes du Vieux Continent – je citerai là Parmentier (un picard de Montdidier) et les efforts qu’il dut déployer pour introduire la pomme de terre dans nos habitudes nutritives –, le confort intérieur des demeures seigneuriales et hôtels particuliers progresse par des agencements domestiques améliorant encore le confort et l’économie de moyens : si l’aspect pervers de l’injustice sociale offre toujours d’abord le confort aux riches, il fournira pourtant, à terme, une matière substantielle aux architectes qui, à l’aube de la Révolution, concevront bâtiments, équipements sociaux et structures urbaines dignes du surnom lumineux que l’on a donné à ce siècle.

Jean-Marie CLAUSTRE
mars 2025

ATTENTION!!! DATE MODIFIEE: la conférence du 14 mars est reportée au 21.

[1] Je vous invite à (re) voir le film « Que la fête commence » de Philippe Tavernier, qui donne un aperçu de ce début du XVIII° siècle, bien que limité à son entourage, de la vie du Régent, des questions politiques difficiles qu’il devait conduire… je vous recommande aussi « Ridicule », de Patrice Leconte, évoquant la fin du même siècle, ou même, dans les grands classiques, « Le Bossu », dans sa version d’André Hunebelle (1959) ou celle de Philippe de Broca (1997).