DE L’ENTRE-DEUX GUERRES AUX TRENTE GLORIEUSES (1ère PARTIE).
Qui d’entre nous n’a jamais utilisé l’expression de « la Belle Époque » pour désigner la décennie qui suivit 1900 ? Elle évoque pour tous, du moins je le présume, le « Paris 1900 » et toutes ses images qui nous sont parvenues, de la photographie, des enregistrements phonographes, au cinéma naissant des frères Lumière. Commencé dans la liesse de cette Belle Époque et la fin du précédent, le XX° siècle se dirige dès son début vers la tragédie de la Grande Guerre : un épisode qui, comme la Révolution avait commencé la précédente période, se manifeste surtout par des destructions, mais, aussi, par la préparation de la suite dans un grand espoir de résilience.
À l’issue de la Grande Guerre Mondiale (on pensait alors qu’il n’y en aurait qu’une), l’Armistice de 1918 est fêté dans un débordement de joie, mais à quel prix s’est faite la victoire ? Les campagnes et villes du Nord et de l’Est sont dévastées, beaucoup d’hommes sont morts et, quand ceux qui reviennent ne sont pas invalides ou « Gueules cassées », ils sont marqués pour la vie par l’horreur qu’ils ont vécue dans les tranchées : la Grande Guerre est pourtant encore dans tous les esprits quand s’ouvre l’ère des années folles dans l’euphorie collective et la « Grande Illusion » que ce serait bien la « Der des Der »…
Les compagnies de chemin de fer ou transatlantiques se sont multipliées, il est devenu commun de voyager, pour l’élite financière ou intellectuelle, afin de porter à leur pays les produits – ou les rêves – exotiques dont ils ont besoin, qu’ils soient matériels ou idéaux. Mais la révolution industrielle n’est toujours pas équitable : elle crée la famine par ci et l’exode par là. L’appel de main-d’œuvre dans les centres urbains vide les campagnes appauvries par les disettes successives, quand il ne faut pas finalement émigrer vers des terres lointaines, dans les cales misérables des paquebots.
Les « Années Folles » ne seront qu’une brève parenthèse avant la grande crise économique et ses conséquences politiques fatales menant vers le deuxième conflit mondial. Cependant, ces tragédies successives ont suscité des réponses étonnantes par les nécessités d’urgences qu’elles avaient provoquées : un foisonnement d’idées dans les arts et la littérature, le développement de nouvelles techniques de construction, de transports, de nouveaux modes de vie…
Sans chercher à adhérer au cynisme de Harry Lime (Orson Welles) dans sa fameuse réplique du « Troisième Homme » à propos du coucou des horloges suisses, les catastrophes ont conduit les sociétés vers le progrès et ce n’est sans doute pas fini. Cela se manifeste aussi dans un environnement de plus en plus complexe et qui poursuivra, avec une tentative de synthèse probablement incomplète, mon exposé sur ce XX° siècle et l’ouverture sur le suivant lors de la deuxième partie.
Jean-Marie CLAUSTRE
juin 2025